vendredi 31 octobre 2014

LA SOUPE A LA CITROUILLE


Amis du potager au naturel, bonjour !

Nous arrivons à la Toussaint. Cette année, l’arrière saison est magnifique. Nous savourons tous ces lumineuses journées. Le soleil est amical, puissant sans être pesant. Les petites matinées fraîches scintillent et les soirées se fondent en ors et vieux roses.

C’est un temps précieux, ce moment de plein automne. Une plénitude, justement, la maturité des choses menées à leur terme dans la durée, l’aboutissement d’un cheminement plein de sens. La douce nostalgie, pas la tristesse, l’avant-repos gorgé de richesse.
Bref, vous l’aurez compris, j’aime l’automne. Et l’automne de cette année, je le déguste à chaque heure avec la reconnaissance de ceux qui travaillent dehors. Des journées raccourcies, un temps de repos largement suffisant. La chaleur, au mitan du jour, et la lumière vivifiante pour récupérer l’entrain dilué dans la nuit longue.
Bien, toute cette prose posée, revenons à notre potager.
Là aussi, le temps n’est plus à la grosse activité. Après les haricots secs de la dernière fois, nous restent les potirons à rentrer.


Les potirons sont des cousins de familles éloignées. Il y a les courges musquées, les citrouilles, les potirons rouges ou jaunes, les courges longues, vertes ou orangées. Toute une ribambelle de fruits charnus, plus ou moins gros, mais la plupart vivement colorés.
Dans nos potagers où la végétation se fait plus modérée, ils apportent une riche touche de teintes rouges-orangées. Les côtes joufflues de la citrouille s’arrondissent pleinement, parfois veinées de varices séchées. Les longs fruits des courges se renflent à leur extrémité, allongés sur le flanc. Le potimarron flamboie, modeste en taille mais légitimement orgueilleux de sa teinte.

Les feuilles sont maintenant sèches. Par ces semaines sans pluie, elles craquent sous le pas. Les tiges rampantes se détachent presque toutes seules des pédoncules. C’est le moment de gloire des fruits, exposés à la pleine lumière dans toute leur splendeur.
Vous vous souvenez peut-être de la citrouille que nous avions l’an dernier près des caisses. Elle pesait 200 kilos. Alléchés par cette opulence, nous en avions conservé les graines pour les semer ce printemps.


J’en ai moi aussi mis plusieurs en terre, avec d’autres. J’ai observé la croissance de plusieurs plants vigoureux, aux lianes plus épaisses et plus robustes que les autres. Je nourrissais les plus grands espoirs pour ma future récolte…

Au bout du compte, sur une demi-douzaine de ces plants issus de notre phénomène, un seul a donné un fruit de taille conséquente. Je l’ai laissé finir de mûrir en le couvant attentivement. Il est bien plus petit que sa « mère ». De même forme, boursoufflé sur le dessus, plus plat dessous, et incurvé en bout. D’un orange plus vif que les autres, plus vif même que celui que nous avions ici.
Quand la tige nourricière a séché, j’ai entrepris de le rentrer à la maison. Les citrouilles et courges mûres peuvent être laissées dehors tant qu’il ne gèle pas. Là, nous sommes bien loin des givres automnaux. J’aurais pu attendre pour l’hiverner. S’il n’y avait pas eu des chasseurs dans le coin…



J’habite à la campagne. Ma magnifique citrouille se voyait de loin. Elle attirait l’œil ! Forte de mon expérience des années précédentes, où, dès la saison de chasse ouverte, j’avais noté que mes plus belles courges disparaissaient, j’ai préféré prendre les devants.
J’ai roulé précautionneusement la belle dans la benne du tracteur. Elle pesait, la bougresse, et m’a donné du mal ! Lentement, en un cortège presque royal, nous avons regagné ses appartements d’hiver, à savoir le fond de l’étable.


J’ai rapatrié le restant de la récolte en même temps. Mais celle-ci est en vedette. Elle trône devant toutes les autres, la vraie reine au milieu de sa cour…
Les citrouilles ne demandent pas à être stockées au frais ou à l’abri de la lumière. Il vaut mieux les garder dans un endroit tempéré, et bien éclairé pour pouvoir surveiller l’éventuelle apparition de tâches brunes sur leur peau. Ces tâches annoncent un pourrissement de la chair. Dès qu’elles apparaissent, il faut consommer votre citrouille. Sinon, en l’espace de deux jours, elle s’effondrera lamentablement sur elle-même, se vidant en eau sous la peau crevassée.
En principe, les courges se gardent plusieurs mois. Posées sur un sol sec, la queue vers le haut, sans heurts, elles ne bougeront pas. Au pire, vous pouvez, comme pour les haricots, les débiter en morceaux et les congeler pour les utiliser tout au long de l’année.
Mais vous vous priverez alors du spectacle de ces beaux fruits boursouflés et colorés…

Ma citrouille-reine si belle a tellement tenté l’une de mes vaches, que cette bête impertinente a, passant dans les parages, contourné mon dispositif de protection pour venir du bout des lèvres lui grignoter la peau. Son cou allongé au maximum, elle a failli basculer dans le tas de courges !
Dieu merci, la blessure était seulement superficielle, et la peau a cicatrisé sans que la chair soit endommagée. Alléluia ! Sans ça, ma petite vache intrépide aurait beaucoup baissé dans mon estime, et ses rations s’en seraient vues impactées.
Enfin, vous n’avez peut-être pas, vous, une vache dans votre arrière-cuisine. Et vos citrouilles, elles seront bien gardées !

A une prochaine fois dans notre potager, pour les plantations hivernales. Portez-vous bien jusque là.

Le 28 octobre 2014, M.Louise