Amis
du potager au naturel, bonjour !
Nous
avons du faire tous le même parcours en ce dimanche : matinée dehors à
grappiller les rayons de soleil, à se régaler des derniers feuillages
flamboyants contre les nuages sombres annonciateurs de pluie, et après-midi si
possible à l’abri de ladite pluie justement, à flâner ou vaquer gentiment.
A
la jardinerie, après les chrysanthèmes et avant les sapins, nous avons pu
consacrer l’après-midi du samedi à remettre notre potager en ordre.
Un
potager ne demande pas de soins quotidiens, surtout en cette période de
l’année. Il ne faudrait pas pour autant le négliger complètement…
A
la faveur des semaines chaudes d’avant Toussaint, nos bulbes et graines ont
littéralement crevé la surface. Leur pousse a été anormalement rapide. En une
douzaine de jours, les plantules de fèves et de petit-pois traçaient déjà le
rang, un peu clairsemées mais suffisamment vigoureuses. Si nous avions eu des
températures de saison, elles auraient demandé le double de temps pour
apparaître. L’oignon, lui, pointait dans la semaine, tandis que l’ail tardait à
peine.
Notre
potager de novembre a aujourd’hui l’allure du printemps, alors que l’hiver va
sans doute le rappeler à l’ordre très vite. En principe, les fèves, pois,
oignons et autres ne craignent pas la gelée. Parce qu’ils ont le bon sens de ne
pas s’élancer trop fort ! Là, il ne serait pas étonnant de voir ces si
fraîches pousses ravaler leur caquet par un petit matin givré… Et d’avoir tout
donné au départ risque de pénaliser leur capacité à repartir correctement le
printemps venu. Nous verrons bien à ce moment là !
De
la même façon, beaucoup d’arbustes ont refleuri sur l’automne estival. Des
bourgeons se sont formés au moment où la sève redescend d’ordinaire. C’est un
emprunt audacieux et qui risque de se payer cher sur un capital dont la
régénération demande du temps. Les floraisons et fructifications de l’année à
venir risquent d’être moins abondantes, ou au moins décalées. Quand aux espèces
vulnérables au froid, elles supporteront difficilement des gelées précoces si
elles se présentent avant que les végétaux n’aient eu le temps de ralentir la
circulation de sève dans les parties exposées.
La
vie végétale est une danse où les changements de pas improvisés s’accusent mal.
Mais
bon, ne soyons pas trop alarmistes et ayons la foi en l’avenir. Notre petit
potager aura peut-être suffisamment de ressources pour parer aux aléas de
l’hiver et reprendre le rythme au printemps revenu.
Notre
modeste condition de jardinier nous oblige à la résignation. Quelques bonnes
pratiques peuvent aider pourtant.
Après
les pluies abondantes de cette semaine, si votre terrain n’est pas trop
alourdi, vous pouvez biner en surface pour éliminer les mauvaises herbes,
décroûter les mottes et butter les pieds. Tout ce qui sera sous terre sera
d’autant mieux protégé. Attention tout de même à ne pas enterrer les collets…
Recouvrez les bases des plantules jusqu’aux premières ramifications, mais pas
au-delà, sinon, elles pourriraient, étouffées.
Vous
pouvez pailler vos plates-bandes, avec des écorces, du paillis de bois, ou de
l’humus. Soyez précautionneux dans votre répartition, les jeunes tiges sont
fragiles et cassent comme du verre dès qu’on les heurte. Là encore, n’enterrez
pas les pousses, et laissez la base bien aérée.
A
la jardinerie, notre rang de pois était déjà en demande de ramage. Les lianes
s’étiraient vers le ciel, cherchant à s’accrocher. Nous avons hier avec Ramon installé
le filet à ramer, tout simplement déployé entre trois tuteurs de bambous fichés
en terre. Par respect pour les traditions de nos prédécesseurs, nous avons
terminé le rang en lui offrant des branchages de saules entrecroisés. Les
hardis petits-pois s’emmêleront dans les brindilles sèches et le tout formera
un petit tunnel végétalisé joliment fleuri au mois d’avril. Evidemment,
quelques branches de saules en profiteront pour raciner et repartir en feuilles
elles aussi ! Il faudra surveiller tout ça pour éviter que le tuteur ne
fasse trop d’ombre à son protégé.
Dans
la seconde partie de notre potager, il nous reste les poireaux. Ils peuvent
être laissés en place et consommés au fur et à mesure.
L’artichaut
que nous avions ramené à zéro à la suite d’une attaque massive de pucerons est
reparti comme en quarante, encore plus touffu qu’avant. Cet artichaut, c’est un
sacré va-t-en-guerre tout de même ! Peu de choses semblent de taille à le
vaincre définitivement… L’an dernier, il a déjà produit plus d’une
demi-douzaine d’artichaut. Nous verrons ce qu’il nous fait cette année.
Le
parc à aromatiques a été lui aussi nettoyé drastiquement. Toutes les plantes
ont été taillées, et, pour le moment, seule la menthe a refeuillé. Si elle se
montre trop envahissante, nous la canaliserons pour laisser la place à ses
voisines. Jardinier, seigneur et maître de son potager, n’est-ce pas ? Ou
du moins, nous aimons à le croire…
Bien,
amis du potager, nous avons fait le tour de notre petit domaine pour cette
semaine. Jusqu’en début d’année prochaine, nous ne prévoyons pas de nouvelles
plantations. Les semis de mâche et d’épinard ne semblent pas vouloir sortir et
il est maintenant trop tard pour les refaire.
Nous
nous contenterons d’accompagner le mouvement, en sarclant régulièrement quand
la terre n’est pas trop mouillée.
L’hiver
est une période ralentie. Les tresses d’aulx et d’oignons sèchent, pendues au
grenier. Les pommes-de-terre germeraient si on les laissait faire. Les courges
et citrouilles reposent, cirées, les vertes virant au jaune, les orangées plus
vives que jamais.
C’est
le temps des soupes au chaud, des haltes près du feu en regardant la pluie
tomber dehors et le vent malmener les arbres nus. A la moindre éclaircie, on
sort, on fait le tour de son jardin, sans presse.
L’hiver
est long mais il passe. Notre hardi petit-pois saura recroqueviller ses lianes
trop impulsives et attendre. Sans doute…
A
bientôt amis du potager, et sachez attendre vous aussi en mâturant
profitablement.
M.Louise,
en ce dimanche soir 9 novembre 2014.