dimanche 15 novembre 2015

UN DIMANCHE CHEZ LAFITTE




Suiveurs de ce blog du potager au naturel de Lafitte, bonjour !

Ces jours sont frappés de l'horreur d'attaques terroristes abominables. La violence aveugle, la folie terrifiante, le drame sans rime ni raison pour des victimes absolument innocentes et tombées sous le coup d'un arbitraire impossible à comprendre.

Pourtant, pour la plupart d'entre nous, le saisissement  passé, nous reprenons le cours de nos vies sans y changer grand chose. Et cela doit être ainsi, sans doute. Même si l’égoïsme individuel  se cache mal derrière les revendications justes de ne pas plier sous la menace injustifiable.

Nous ne sommes pas là pour polémiquer sur les enjeux et conséquences de ces actualités. Nous n'en avons pas la compétence, et encore moins la science.
Nous partageons l'affliction de ceux dont la vie s'est brisée vendredi soir, de loin, parce-que la nature humaine s'émeut difficilement de ce qui ne la frappe pas dans sa chair.
La conscience collective est alertée,pourtant, et l'expectative en éveil.

Chez Lafitte, ce magnifique dimanche fait suite à un magnifique samedi.

Je  vous montre en titre le ciel, hier soir, vu depuis le bureau de la jardinerie.
Je vous en parlais dans mon dernier article. Ce mois de novembre est un véritable et fantastique régal, pour qui veut bien se donner la peine de lever les yeux, simplement.






Notre potager se porte à merveille. Il profite à plein des bienfaits de cette arrière saison si clémente.
Notre dispositif anti-moineaux n'est pas totalement efficace. Ces sales oiseaux continuent d'écharper les feuilles tendres de nos pois à peine sortis de terre.
 Les mouvements des scintillants les dérangent à peine ! 
derrière, les fèves, plus dures et moins appétissantes, ignorent cette souffrance pourtant toute proche.
C'est la dure loi du potager, où chacun mène son propre combat, sans prendre garde à la difficulté de son voisin.

Nous connaissons dans tous les secteurs de la jardinerie, ces côtoiements tragi-comiques.
L'un se débat dans les affres du doute et de l'inquiétude inconfortable, quand l'autre poursuit sa tâche sans y prêter attention, ni offrir assistance, évidemment !
Pas par indifférence ou méchanceté, loin de nous ces vilenies... non, non, juste par ignorance, manque d'attention coupable... mais pas responsable !

Cette après-midi, une illustration parlante de ces décalages nous a intéressés.
Je vous raconte :

Nous avions entrepris de remplacer les pots plantés de pittosporums placés de part et d'autre de l'entrée de la jardinerie.
Nous avons choisi de présenter une fort jolie variété de véronique, à port compact, d'un coloris vert grisé. Quand vous viendrez, vous vous rendrez compte par vous-mêmes.

Nous acheminions les nouveaux contenants garnis de leurs plantes à travers la serre. Notre convoi était trop large pour passer entre les caisses, et sortir, par la sortie, donc.
Nous nous présentions à l'entrée du magasin, à contre-sens, pour arriver sur le parking.





Je vous situe ici la scène de "l'évènement" du jour;

Arrivant sur le site, nous voyons une jeune femme, nourrisson dans les bras, et landau encombrant devant elle.
Elle a poussé le landau sous les languettes rouges, en direction de la porte vitrée, et essaie de se faufiler dans le tourniquet à contre-sens.
Faisant ainsi fi de notre écriteau interdisant le passage dans ces conditions.

C'est une jeune femme au demeurant charmante,  encombrée, penaude d'être prise en défaut, mais bien décidée semble-t-il à mener son projet à terme, à savoir, sortir par l'entrée.
Mon collègue, dont je tairai le nom pour ne pas offusquer rétrospectivement une sensibilité sur le moment défaillante, s'approche de la délictueuse, et lui enjoint de rebrousser chemin. Il joint le geste à la parole, en ramenant le landau du bon côté de la barrière.

La jeune femme s’exécute,  son bébé toujours dans les bras, et s'éloigne dans le magasin, guidant tant bien que mal son landau vide.

Mon collègue, inébranlable, corseté dans le sentiment d'avoir fait son devoir, d'avoir fait preuve, en ces temps où l'on fustige le manque de fermeté de nos dirigeants politiques, d'une rigueur exemplaire dans l'application des bonnes règles de circulation de la jardinerie, s'apprête à déplacer le tourniquet, pour que nous puissions sortir, avec notre convoi volumineux.

L'incongru de la situation lui saute alors aux yeux. Nous allons faire en toute impunité et en nous donnant largement les moyens de le réaliser confortablement, ce qu'il a interdit une minute avant de façon inflexible, totalement hermétique à la détresse d'une pauvre jeune maman en peine.
Confus et rattrapé par une fine sensibilité dont il est pourtant coutumier, il n'ose pas s'avancer sur le parking, au risque d'y croiser la jeune mère dûment sortie... par la sortie, elle !

Nous attendons, partagés entre rires et désolation.

Et qui voyons-nous se présenter à l'entrée, pour le coup ?
Notre jeune maman, toujours lestée de son nourrisson, et poussant devant elle son landau vide...
Ca alors, elle revient...
Le tourniquet devant elle est largement ouvert, offrant un passage on ne peut plus commode. Elle pourrait y passer sans encombre.

Nous attendons toujours, avec nos plantes en pots sur la palette, que le passage se dégage.
La jeune mère va passer, pensons-nous, elle a du oublier quelque chose et elle revient le chercher. Bien.
Là, la scène devient étrange, surréaliste, incompréhensible à notre entendement :
La cliente glisse le landau sous les plaquettes rouges. Elle tient toujours son enfant dans les bras, et manœuvre difficilement. Elle contourne le pilier métallique, revient en arrière, tire d'un côté, pousse de l'autre.

Interloqués, nous la regardons faire, s'empêtrer, quand elle pourrait royalement utiliser l'accès proposé.

Pour finir, elle rebrousse chemin, et ressort... par l'entrée !

Nous sommes dubitatifs, partagés entre rires et questionnements devant un si étrange comportement.
Renonçant à trouver le fin mot de l'histoire, nous nous occupons finalement de remplacer nos pots, commentant sans avancer dans la résolution de l'énigme cette étrange affaire.

Nous aurons tout de même l'explication un moment plus tard. Notre troisième collègue, préposée en ce dimanche à l'accueil, a recueilli les doléances de notre intrigante jeune femme.

En fait, elle avait fait une première "entrée" avant notre arrivée sur les lieux. Son bébé était alors installé sur le landau. Elle avait fait passer ce landau sous les languettes rouges.
Après coup, elle se demandait si l'une de ces languettes n'avait pas heurté la tête de son enfant. Et s'inquiétait, bien légitimement, n'est-ce pas ?
Nous l'avions vue lors d'un deuxième passage, où elle voulait s'assurer que son inquiétude n'était pas fondée, à savoir que les languettes n'avaient pas pu heurter le front de son bébé assis dans le landau. Ne voulant pas risquer un nouveau coup, elle faisait son "test" avec le landau vide, son tout petit dans les bras.

Sous ce nouvel éclairage évidemment, l'affaire prenait une tournure bien plus claire, et l'inquiétude maternelle de la jeune femme méritait respect et compassion.
Quand de notre point de vue ignorant nous n'éprouvions qu'étonnement amusé et incompréhension.

Ainsi vont parfois les choses. Mal éclairées, elles nous trompent et nous réagissons de façon totalement inappropriée.

Au final, le bébé se porte tout à fait bien, La maman est rassurée, et nous aussi.

Bonne fin de dimanche à vous, et ouvrez bien les yeux sur les motivations de vos contemporains. ca aide à comprendre, souvent...






dimanche 8 novembre 2015

ETE DE LA SAINT MARTIN




Amis du potager au naturel de Lafitte, bonjour !

Nous vivons des journées magnifiques. Les cieux nous régalent matin et soir de couleurs fantastiques. Des roses doux, des ors fulgurants, des rouges incendiaires, irisations évanescentes, spectacles incomparables à la portée de tous ceux qui veulent bien lever les yeux.
La beauté nous est offerte en grâce, en cette arrière saison exceptionnelle.

A la jardinerie, le travailleur en extérieur respire avec gratitude cette douceur inattendue.
Hier et aujourd'hui, à la mi-journée, nous dépassions les trente degrés au soleil !
Difficile de se croire à la bientôt mi-novembre...
Réjouissons-nous simplement, et savourons ces bienfaits comme un véritable cadeau.

Nos bulbes potagers planté il y a quinze jours à peine, ont bondi hors des sillons.







Petit-pois, fèves, aulx et échalotes sont déjà sortis de terre. La levée est très rapide, stimulée par ces températures élevées. J'ai distribué de l'engrais organique, en plus de celui que nous avions enfoui avant le bêchage.
Il faudrait que les plantules durcissent avant les froids. Sans cela, les jeunes pousses risquent d'accuser le coup...
Souvenez-vous, l'année dernière, ce fût exactement le même parcours. Départ en flèche, puis, à la première gelée, les tendres feuilles des fèves avaient ployé lamentablement, au point de compromettre la future formation des cosses à graines.

Nous verrons bien ce qu'il adviendra cet hiver. Nous ne pouvons de toute façon pas y changer grand chose, n'est-ce pas ?




Le haricot ressemé en solitaire au pied de la pergola mature ses cosses, dans les rayons de soleil qui l'éclaire comme un vitrail végétal. Il était arrivé tard en saison. Je ne suis pas sûre que tout le monde parvienne à bon port. Nous récolterons ce qui peut l'être, bien contents déjà de cette aubaine !

D'autres, contents aussi d'une aubaine inespérée, ce sont les moineaux de la jardinerie. Une petite volée de quelques volatiles insolents et sans-gênes. les impudents ont repéré nos sillons de pois, tendres et craquants.
Ils s'en sont régalés, les bougres !

Vite, vite, j'ai mis en place un dispositif d'effarouchement. Assez succinct et artisanal, il devrait quand-même suffire à éloigner les moineaux intrépides.




Nom d'un chien, nous n'allons tout de même pas abandonner nos pois si facilement !

A la jardinerie, nous apprécions par contre la compagnie des rouge-gorges. Il y en a au moins deux, que nous reconnaissons. Nous les appelons indifféremment Sreubiss. Ne me demandez pas pourquoi, ça nous est venu comme ça.

Nos deux chattes, Isabelle et l'Hirsute, les surveillent de près. 





Vous imaginez bien la traque patiente de ces deux félins qui n'ont rien de particulier à faire pour mieux occuper leurs journées !

Nos Sreubiss s'en tirent, pour le moment.
Ainsi va la vie dans le potager au naturel de Lafitte. 
Les pois tentent les oiseaux, qui tentent les chats.

Les chats nous tentent, nous essayons de les approcher, mais n'y arrivons pas.

Une boucle jamais tout à fait bouclée, une spirale ouverte sur des recommencements têtus et rassurants.

Je vous laisse ici, en ce dimanche après-midi.
Il fait bon travailler dehors. ne vous en privez pas. faites provision de bonnes sensations.

A bientôt !