Amis
du potager au naturel, bonjour !
Par
ces belles journées estivales, il fait bon s’occuper du potager à la fraîcheur
scintillante du petit matin pur. Ou alors le soir, quand le soleil baisse sur l’horizon
étiré, et que les parfums émoustillés par la chaleur du jour montent avec
sensualité. C’est selon, les goûts, et les emplois du temps…
A
la jardinerie, nous aimons aller faire le tour du potager en arrivant. Les
plantes rafraîchies de la nuit s’ouvrent au soleil déjà haut. La chaleur
viendra vite leur faire baisser la feuille, alors, elles en profitent !
C’est un spectacle agréable à l’œil. A cette époque, les fanes des patates sont
encore vertes, l’ail et l’oignon ne roussissent toujours pas. Le temps de les
récolter approche pourtant, puisqu’ils ont été plantés fin février.
En
principe, pour le début de juillet, nous allons pouvoir tresser les tiges
séchées de nos bulbes potagers pour en faire des nattes bonnes à consommer
durant tout l’hiver. Mais il faut attendre, puisque le temps n’est pas encore
venu ! Il ne sert à rien de vouloir forcer les choses, d’arracher les
bulbes au bout des tiges encore vertes. Non seulement, la récolte est moindre
si elle n’est pas à maturité, mais en plus, la conservation serait salement
compromise.
Alors, on observe, on suit, mais on n’intervient pas… les premiers
signes de rouille sont apparus sur les feuilles de l’ail, mais, à ce stade, ce
n’est pas la peine d’essayer d’enrayer le phénomène. On laisse faire. L’échalote
est un peu perdue sous la végétation de la Vitelotte qui s’est couchée dessus.
Elle lance ses tiges pâles autant qu’elle le peut sur le côté. Notre potager
est un peu exigu pour toutes les plantations que nous y avons faites, alors
évidemment, ça se pousse un peu du coude ici et là…
Les
vedettes du moment sont les courges. Des feuilles larges et drues, des fruits
aux couleurs éclatantes qui se laissent apercevoir là-dessous, des promesses en
formation un peu partout. La Butternut, audacieuse et impulsive, a carrément
sauté le pas. Elle bondit par-dessus les rondins de bois et se jette hors de la
jauge jusque sur le bitume de l’allée. Elle risque de trouver le monde plus dur
hors de sa terre natale ! Mais bon, nous la laissons aller, il faut bien
que les aventuriers explorent le vaste univers…
Les
tomates elles aussi explosent en pousses ces temps-ci. Les fruits se forment
sous les feuilles, et nous avons déjà goûté les petites tomates coktail,
juteuses et charnues sous leur peau à peine craquante. Elles éclatent en
bouche, joyeuses mais pas insolentes, avec la douceur de petites filles gaies
sans être turbulentes. Les cerises jaunes se font attendre. Et les variétés à
gros fruits demandent du temps. Ils se forment, jour après jour.
Il
me tarde de voir à quoi ressemble la Brandy-Wine, cette tomate à feuilles de
patates. Vous la trouverez à l’angle du potager, à côté de la pergola où
s’étalent les capucines.
Ces
fameuses capucines qui ne savent plus s’arrêter de pousser. Elles étaient
censées préserver les autres plants des attaques des pucerons et autres
chenilles. Je ne dis pas qu’elles ne le font pas ! Mais bon, pour
s’acquitter de leur mission, elles montent à l’assaut de la pergola, elles
rampent en lianes têtues de ci de là, elles roulent, s’enroulent et boulent
partout où elles le peuvent. Une véritable cascade, irrépressible et impossible
à contenir. Nous aurions scrupule à la limiter. Nous lui avons abandonné
l’emplacement des fèves récoltées. Les pois luttent au travers du treillage et
essaient de mettre leurs cosses gonflées hors de portée de l’ogresse
insatiable. Ils ne tiendront pas longtemps, juste assez pour nous offrir les
grains tendres et frais à croquer. C’est émouvant, comme une mère vous tendrait
son enfant pour le mettre à l’abri du danger qui va l’emporter, elle… Et nous,
insensibles à ce drame qui se joue là devant nous, nous nous contentons de
tirer sur la cosse, et encore, sans ménagement, de malmener la pauvre tige de
pois désespérément tendue vers nous, pour tourner le dos à tant de souffrance
et aller un peu plus loin manger les pois… Quelle inhumanité, tout de
même ! Enfin… Les tomates
s’élancent au dessus de la mêlée. Elles sont fortes de leurs tiges épaisses et
dures. Si besoin, si le combat se faisait trop inégal, nous leur viendrions en
renfort. Pas question de laisser la capucine-préserve-plantes, puisque tel
était son rôle, étouffer ce qu’elle devait protéger, avant que nous ayons
récolté les fruits de nos efforts !
Que
le jardinier n’intervienne pas à tout va, soit ! Mais bon, il doit quand
même rester le maître de son potager… tant que faire se peut !
Nous
suivrons ce combat poignant au jour le
jour, et vous pouvez le suivre avec nous en venant visiter notre potager.
A
une prochaine fois, et n’hésitez surtout pas à prendre vous aussi la main sur
la marche de votre jardin.
M.Louise,
en ce samedi 14 juin 2014.