lundi 16 juin 2014

Capucine l’envahisseuse





Amis du potager au naturel, bonjour !

Par ces belles journées estivales, il fait bon s’occuper du potager à la fraîcheur scintillante du petit matin pur. Ou alors le soir, quand le soleil baisse sur l’horizon étiré, et que les parfums émoustillés par la chaleur du jour montent avec sensualité. C’est selon, les goûts, et les emplois du temps…

A la jardinerie, nous aimons aller faire le tour du potager en arrivant. Les plantes rafraîchies de la nuit s’ouvrent au soleil déjà haut. La chaleur viendra vite leur faire baisser la feuille, alors, elles en profitent ! 
C’est un spectacle agréable à l’œil. A cette époque, les fanes des patates sont encore vertes, l’ail et l’oignon ne roussissent toujours pas. Le temps de les récolter approche pourtant, puisqu’ils ont été plantés fin février.
En principe, pour le début de juillet, nous allons pouvoir tresser les tiges séchées de nos bulbes potagers pour en faire des nattes bonnes à consommer durant tout l’hiver. Mais il faut attendre, puisque le temps n’est pas encore venu ! Il ne sert à rien de vouloir forcer les choses, d’arracher les bulbes au bout des tiges encore vertes. Non seulement, la récolte est moindre si elle n’est pas à maturité, mais en plus, la conservation serait salement compromise. 

Alors, on observe, on suit, mais on n’intervient pas… les premiers signes de rouille sont apparus sur les feuilles de l’ail, mais, à ce stade, ce n’est pas la peine d’essayer d’enrayer le phénomène. On laisse faire. L’échalote est un peu perdue sous la végétation de la Vitelotte qui s’est couchée dessus. Elle lance ses tiges pâles autant qu’elle le peut sur le côté. Notre potager est un peu exigu pour toutes les plantations que nous y avons faites, alors évidemment, ça se pousse un peu du coude ici et là…

Les vedettes du moment sont les courges. Des feuilles larges et drues, des fruits aux couleurs éclatantes qui se laissent apercevoir là-dessous, des promesses en formation un peu partout. La Butternut, audacieuse et impulsive, a carrément sauté le pas. Elle bondit par-dessus les rondins de bois et se jette hors de la jauge jusque sur le bitume de l’allée. Elle risque de trouver le monde plus dur hors de sa terre natale ! Mais bon, nous la laissons aller, il faut bien que les aventuriers explorent le vaste univers…

Les tomates elles aussi explosent en pousses ces temps-ci. Les fruits se forment sous les feuilles, et nous avons déjà goûté les petites tomates coktail, juteuses et charnues sous leur peau à peine craquante. Elles éclatent en bouche, joyeuses mais pas insolentes, avec la douceur de petites filles gaies sans être turbulentes. Les cerises jaunes se font attendre. Et les variétés à gros fruits demandent du temps. Ils se forment, jour après jour.

Il me tarde de voir à quoi ressemble la Brandy-Wine, cette tomate à feuilles de patates. Vous la trouverez à l’angle du potager, à côté de la pergola où s’étalent les capucines.

Ces fameuses capucines qui ne savent plus s’arrêter de pousser. Elles étaient censées préserver les autres plants des attaques des pucerons et autres chenilles. Je ne dis pas qu’elles ne le font pas ! Mais bon, pour s’acquitter de leur mission, elles montent à l’assaut de la pergola, elles rampent en lianes têtues de ci de là, elles roulent, s’enroulent et boulent partout où elles le peuvent. Une véritable cascade, irrépressible et impossible à contenir. Nous aurions scrupule à la limiter. Nous lui avons abandonné l’emplacement des fèves récoltées. Les pois luttent au travers du treillage et essaient de mettre leurs cosses gonflées hors de portée de l’ogresse insatiable. Ils ne tiendront pas longtemps, juste assez pour nous offrir les grains tendres et frais à croquer. C’est émouvant, comme une mère vous tendrait son enfant pour le mettre à l’abri du danger qui va l’emporter, elle… Et nous, insensibles à ce drame qui se joue là devant nous, nous nous contentons de tirer sur la cosse, et encore, sans ménagement, de malmener la pauvre tige de pois désespérément tendue vers nous, pour tourner le dos à tant de souffrance et aller un peu plus loin manger les pois… Quelle inhumanité, tout de même ! Enfin…  Les tomates s’élancent au dessus de la mêlée. Elles sont fortes de leurs tiges épaisses et dures. Si besoin, si le combat se faisait trop inégal, nous leur viendrions en renfort. Pas question de laisser la capucine-préserve-plantes, puisque tel était son rôle, étouffer ce qu’elle devait protéger, avant que nous ayons récolté les fruits de nos efforts ! 

Que le jardinier n’intervienne pas à tout va, soit ! Mais bon, il doit quand même rester le maître de son potager… tant que faire se peut !

Nous suivrons ce combat poignant  au jour le jour, et vous pouvez le suivre avec nous en venant visiter notre potager.

A une prochaine fois, et n’hésitez surtout pas à prendre vous aussi la main sur la marche de votre jardin.

M.Louise, en ce samedi 14 juin 2014.

lundi 2 juin 2014

Comme Garbiñe à Roland Garros...


Amis du potager au naturel bonjour !

Après la remise des prix de Jean-Michel la dernière fois, notre potager s’est pris au jeu de l’actualité. Votre jardinerie se veut partie prenante dans la marche du monde, et notre potager, intemporel par son lien à la nature, rappelle que tout est dans le tout, et qu’ici c’est partout…

Si vous ne voyez pas la logique de ce rapprochement nébuleux, rassurez-vous, moi non plus, pas trop ! Mais la formule n’est pas mal, non ?

Pour en revenir à nos oignons, vous n’avez pas pu passer à côté de l’exploit de notre jeune joueuse de tennis locale. A la jardinerie, Nathalie a tout de suite réagi à la consonance basque de cette petite « Garbiñe Muguruza ». 
Attachés que nous sommes à nos racines, une grande fierté nous a rosi la joue à cette annonce. Imaginez tout de même ! Venir à bout en deux coups de cuillère à pot de cette impressionnante Serena… 
On dit que la championne évincée va rebondir plus haut que jamais après cet affront. Qu’aiguillonnée par cet échec cuisant, elle va donner toute sa force et son énergie (et il suffit de la regarder pour comprendre que dans cette masse puissante il ne doit pas en manquer) pour montrer qu’à plus de trente ans elle est encore la meilleure. En gros, cette compétition ratée ne serait qu’un accident de parcours, une distraction de diva, et notre petite Garbiñe aurait juste eu la chance de tomber dessus… 
Peut-être, je ne suis pas du tout spécialiste et je ne m’avancerai pas. Mais bon, la loi est la même pour tous, et la compétition sportive est un condensé fulgurant de l’évolution humaine : premiers pas, apprentissage, croissance, apogée… puis déclin… et fin.
Ainsi revenons-nous à notre tout est dans le tout, vous saisissez ? Moi-même, je commence à deviner quelque chose dans le flou.
Pour rester concrets, dans notre potager aussi la compétition est rude. Il n’y a pas que sur la terre battue de Roland Garros, que les premières places sont chères. Jetez un œil sur notre carré de courges et considérez-les comme des joueuses acharnées à gagner leur place au soleil. Ah, c’est sûr, vous n’entendrez pas ici les « han ! » de la course effrénée pour renvoyer la balle fulgurante. Vous ne serez pas étourdi par les envolées des jupettes ou les danses endiablées des couettes. Non, non, non. Tout ici est lent et silencieux. La liane s’avance sous les feuilles de camouflage, elle rampe à l’assaut de l’espace vital pour capter la meilleure lumière. Entêtée elle cherche le soleil et se tourne vers sa chaleur pour en nourrir ses fruits encore en promesse. Admirez le jaune éclatant de notre première courgette de Nice. C’est un parfait petit soleil à elle seule. Suivez la course de la Butternut. En voilà une qui lance toute la fougue de sa jeunesse dans la bataille. Si notre petite Garbiñe se réincarne en légume, elle pourrait faire une jolie courge fiérote et conquérante !
Pour Serena, je la vois mieux dans la pleine puissance de la fève drue et forte. Déjà lourde de ses cosses remplies, elle en impose. Mais  à sa base les feuilles jaunissent et les premiers signes de déclin sont là, quand les tiges restent droites et vigoureuses. Et oui, le cycle inéluctable et universel…

A l’image des stars, sportives ou autres, notre coq de poulailler, j’ai nommé l’artichaut, connait les déboires de son trop grand succès. Il déploie majestueusement ses palmes, vainqueur incontesté de ce coin du potager. Rien ne semble pouvoir lui résister, il ignore la peur. Et pourtant, pourtant, juste sous ses feuilles larges et dentelées, le long des nervures rigides et dures, observez, regardez de plus près… et oui, vous les voyez, vous aussi, ces petits parasites fourbes qui viennent se nourrir à peu de frais des succès des grands gagnants de la compétition ? Vous les voyez, tous ces pucerons, ces moucherons agglutinés à qui mieux mieux pour vivre aux dépends de celui qu’ils flattent outrageusement pour mieux le dépouiller ? 
Et oui, dans le monde du spectacle, dans celui du sport, dans notre potager, partout comme ici, je vous l’avais bien dit !


Allez amis du potager, à une prochaine fois et portez-vous bien d’ici là !

Marie Louise, le 01 juin 2014